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 Appel

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Aziliz
Esquive de Plume
Aziliz

Messages : 256
Date d'inscription : 02/05/2010
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SURNOM : 'Liz

Appel Vide
MessageSujet: Appel   Appel EmptySam 22 Mai 2010 - 16:58

Lancinant appel. Sourd. Puissant.
Ma résistance s’effrite comme une statue de sable sec et je lui cède. Une fois de plus. Sombre résignation, douleur ignoble logée au plus profond de mon âme. Longue expiation. Ai-je commis tant de crime pour mériter cela ? Suis-je si mauvaise que je suis promise à cette souffrance ? De longs sillons se forment et les larmes coulent. Un cri.
Cri de détresse, de douleur, d’horreur, de peur, de mort, de peine.
Cri de soulagement.
Je tombe à la renverse, presque évanouie par le soudain effort. Ma tête heurte le sol avec violence et je me sens sombrer dans les ténèbres obscures et étouffantes de ma propre folie. Mes muscles sont las de toutes ces douleurs, et mon âme, épuisée de tant de résistance. Je me laisse emporter dans un rêve étrange, bercé par le souvenir éthéré de ma souffrance. Je suis à la source. A ma naissance. A mon premier jour et je contemple avec mes yeux d’enfants le long torrent fendant la montagne de son trait glacé. Comme irréel, je le vois se fondre dans la roche cinquante mètres plus bas et repartir de plus belle à l’assaut des vallées et des plaines. Je le vois grandir, ralentir et se faire rivière, tantôt calme et tantôt vibrante de vie et d’une colère si proche de la joie que je l’envie. Et puis, au loin, je distingue le fleuve, placide, serein, étalant ses longs méandres sordides dans les champs de blés moribonds. A l’horizon, l’océan. Ce vaste paradis d’eau à la limite du fleuve, de la rivière, et si proche du torrent. A cette vue, mon cœur bondit, et je me jette à l’eau. Certaine d’arrivée à se contentement divin. Mon sang se glace tandis que le sol à mes pieds à fait place au vide et que l’eau m’entraîne dans sa divine chute. Et puis tout s’arrête, mes os se brisent, mon rêve éclate. Je suis plus morte que vivante, presque noyée dans les eaux ténébreuses et froides de mon début de vie. J’ai mal et je ne sais plus si ce sont des larmes qui coulent sur mes joues ou de simples reflets du torrent qui m’emportent. Nouvelle chute. Presqu’illusoire tant la première fut violente. Elles s’enchaînent, vives et fugaces comme les douleurs atroces d’une pluie de pierres sur mon corps d’enfant. Est ce si dur de grandir ? Si dur de mourir ?
La rivière aimante vient me sauver m’emporte dans ses bras et me garde en son lit. Mes cauchemars s’évanouissent dans le jour évanescent d’un nouvel espoir. Pourtant je trébuche à nouveau lorsqu’elle déchaîne sa joyeuse colère contre mon petit corps meurtri. Je heurte un rocher, puis un autre et mon corps s’ouvre sur le liquide rouge qu’il contient. Je me mélange à la rivière et peu à peu, j’acquière une certitude : elle va m’engloutir. Pourtant, comme si elle avait perçu ma détresse, elle se fait de nouveau calme et caressante. Au lieu de me noyer, elle m’offre de son eau pour étancher ma soif éternelle et dans le couchant, m’abandonne à regret au grand fleuve.
Je me crois sauvée, dans cette éternelle platitude, dans cette eau toujours calme et pourtant je me sens sombrer dans l’ennui vagabond des lentes courbes dans les champs. Au creux de la nuit, je contemple sans sourire le silence du ciel et l’amère pluie qu’il nous promet comme un reflet de ma tristesse. Je hais ces lentes circonvolutions dans cet univers sans vie et j’en viens presque à regretter la souffrance offerte par le torrent et la peur de la rivière.
Soudain, je suis lancée dans la mer, accueillie par l’océan, comme si la vague de mon renoncement avait fait écho au cœur de cet être aquatique et qu’il avait voulu me sauver. Dans la berceuse du ressac, dans la douce violence des eaux salées, je m’abandonne enfin au bonheur, un sourire franc peint sur mes lèvres et une tendre lueur au fond des yeux.
Je m’éveille. La souffrance à délaissé mon corps et mon âme est apaisée. La soif m’étreint alors et tandis que je noie mon gosier dans l’eau factice d’une bouteille, je comprends l’onde. Je saisis son mouvement fluide et caressant, je décèle les rochers avant qu’ils se révèlent et m’envole dans mes chutes.
L’appel reprend. Caressant. Violent.
Je me laisse aller à cette vague aux couleurs chatoyantes et je savoure la tiédeur de ses eaux. Je me laisse emporter sans plus ressentir de souffrance. J’ai enfin compris. Je suis heureuse. Pour la première fois, mes doigts serrent avidement le stylo qui courre déjà sur l’épaisseur du papier. Avec un frisson, je plonge dans l’Histoire.
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