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 Larmes d'argent

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AuteurMessage
Aziliz
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Aziliz

Messages : 256
Date d'inscription : 02/05/2010
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SURNOM : 'Liz

Larmes d'argent Vide
MessageSujet: Larmes d'argent   Larmes d'argent EmptyDim 20 Juin 2010 - 17:11

Il faisait gris ce jour là, mais la pluie s'était enfin tue. Je rentrais paisiblement chez moi, avec dans la tête tout ce vide que la vie engendre. Je ne voulais plus penser au boulot qui m'avait éreinté toute la journée. Pas plus qu'à mes parents qui ne manqueraient pas de se prendre le bec à la moindre remarque. J'avais envie de traîner le plus possible dans les rues, ce soir là.
J'ai pris un détour, pour ne pas avoir l'air bête en marchant le plus lentement possible, et, perdue dans mes souvenirs, je me suis retrouvée face à une fontaine. La fontaine. C'était une jolie sculpture de blanc mêlé d'argent. Elle représentait une jeune fille presque nue qui, éprise d'un amour impossible, offrait son cœur au vent. Je l'ai toujours trouvé très belle. Mais aussi, très triste. Comme si cette statue représentait la pâleur de mes matins depuis que tu es parti. Je me suis assise sur le rebord et j'ai écouté l'eau chanter pendant de longues minutes, me perdant dans mes souvenirs.

Nous nous étions rencontrés au lycée, quelques jours après la rentrée, par un pur hasard. J'avais voulu pousser la porte, alors que tu tentais de l'ouvrir, au même moment depuis l'autre côté. Nous avions tous les deux fait un énorme bond de surprise. Puis nous avions éclaté de rire.
- Je m'appelle Estéban, et toi ?
- Marie.
Sur le coup, je n'avais rien osé dire d'autre. Je m'étais contentée de baisser les yeux en rougissant, et j'étais partie. Le lendemain, tu étais venu manger avec moi et nous avons fait connaissance. Je t'écoutais parler, répondant de temps en temps à tes questions. J'étais complètement subjuguée, comme une collégienne qui rencontre un garçon pour la première fois. Sur le coup, j'ai pensé que c'était le destin qui t'avais mis sur ma route.
Je n'avais eu jusque là que de courtes aventures, qui duraient rarement plus de quelques mois, un peu pour faire comme les autres, et pour ne pas être seule. Avec toi, c'était différent. Je me fichais éperdument de ce que pouvais dire les autres, je ne me sentais plus seule, même si nous n'étions que deux potes qui discutaient de temps en temps. Et puis les jours ont passés, je me contentais de savoir que tu étais là, que tu allais bien. Puis, les vacances de printemps sont arrivées. Nous sommes partis chacun de notre côté, et pourtant pas une seule journée n'a passé sans que je pense à toi. Je n'avais même pas envisagé un amour de vacances. Je ne désirais que rentrer. Rentrer et m'assurer que tu serais toujours là. J'avais l'impression que les jours s'écoulaient de plus en plus lentement, comme pour me punir de ne pas avoir compris tout de suite quels sentiments je nourrissais à ton égard.
Lorsque nous nous sommes enfin retrouvés, tu m'as demandé si j'avais passé de bonnes vacances. Je n'ai pas répondu, je t'ai juste retourné la question et tu as eu le courage de me répondre : "tu m'as manqué." C'est comme ça que tout avais commencé. J'ai fondu en larmes dans tes bras et tu m'as embrassé le plus tendrement possible. Nous avons passé deux années et demi collés l'un à l'autre. Rien au monde ne pouvait nous séparer. Nous pensions différemment et pourtant, nous avions les mêmes envies, les mêmes besoins. Nous nous retrouvions souvent, sur le rebord de cette fontaine, presque tous les week-ends en fait. Nous discutions alors de tout et de rien, de notre avenir, du lycée, de la paix dans le monde et de la musique de l'eau.

C'est sur ce rebord que tu me l'as annoncé.
-Marie. Je vais devoir partir. Mes parents déménagent un peu avant la rentrée scolaire, nous allons habiter à Paris. Je suis désolé. Je t'aime.

J'ai fondu en larmes sans même réaliser ce que cet enchaînement de mots signifiait pour moi. Je savais juste que je devais pleurer. Tu m'as pris dans tes bras, et nous sommes restés là, longtemps. La nuit était tombée lorsque j'ai réalisé que je ne te reverrais plus jamais. Comme chaque année, mes parents nous emmenaient en vacances jusqu'à la rentrée. Cette rencontre s'était notre dernière.
Je t'ai murmuré "Je t'aime" à l'oreille. Nous nous sommes embrassés, et tu es parti.

Les larmes me venaient aux yeux alors que je repensais à cette histoire. Cela faisait déjà deux ans. J'avais intégré une fac de droit, et toi, une école d'ingénieur. Nous habitions à 400km l'un de l'autre. Je n'ai jamais reçu de message, ni de lettre de ta part. Je n'en ai pas écrit non plus. Comme si cette page de notre histoire était définitivement tournée. Pourtant, en deux ans, jamais je n'ai pu aimer. Ni même sortir avec quelqu'un, tant le souvenir de tes lèvres sur les miennes était brûlant. Pourtant, ce souvenir ne me hantait plus, il réapparaissait parfois, m'offrant un moment de tristesse et de mélancolie, puis s'en allait pour plusieurs jours. Au fond de moi, s'était un peu comme si mon cœur avait cessé de vivre mais que mon corps continuait d'exister.

Le clocher de l'église sonna sept heures. Il était temps que je rentre. Je me levais lentement de mon petit muret de pierres, indifférente à la circulation alentour et aux passants qui se pressaient sur les trottoirs.
Une main s'est posée sur mon épaule. Douce. Et je me suis retournée. Je n'avais pas besoin de voir ton visage pour savoir qui tu étais. Sans que je puisse les en empêcher, les larmes ont jailli de mes yeux et je me suis blottie dans tes bras. Tu m'as murmuré doucement que tu ne repartirais plus.

Mon cœur recommençait de battre.
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