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 La chose

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scad

scad

Messages : 6
Date d'inscription : 26/12/2010

La chose Vide
MessageSujet: La chose   La chose EmptyLun 3 Jan 2011 - 13:17

Bonjour,

Je voulais vous faire partager une de mes nouvelles fantastiques.
J'espère qu'elle vous plaira.

Cordialement
David.


La chose

Adam Mells approchait les cinquante printemps. Il vivait dans une zone résidentielle des plus charmantes, avec sa femme Ode. C’était un endroit calme et agréable. Il n’y avait pas de violences et pas de vols. La famille Mells était cependant, sur le point de déménager. Ho pas très loin ! Ils restaient dans le même quartier. Pour être plus précis, ils bougeaient à peine de trois cent mètres. En effet, leur fils Andrew et sa femme Marthe avaient décidé de les rejoindre. Ils allaient avoir un enfant, leur premier petit fils ! Ils voulaient que leur bambin puisse s’épanouir dans un milieu paisible, loin des tumultes et des tentations de la ville. Adam et Ode leur cédaient donc leur demeure au profit d’une plus petite de plain-pied. Quel bonheur d’être ainsi réuni ! Adam s’était fait la promesse de ne jamais agir comme ses parents l’avaient fait avec lui : rejet de la belle fille, immixtion dans la vie du couple, éternels conflits… Autant de griefs qui rendent très vite toutes relations insupportables. Ils avaient coupé les ponts depuis près de six ans et ne s’en portaient pas plus mal. Nous étions un lundi soir et le déménagement était prévu le vendredi suivant.

Comme bien souvent, Adam n’arrivait pas s’endormir. Il décida donc d’aller se promener une petite demi-heure afin que s’entrouve les portes de Morphée. La marche était un de ses loisirs favoris. Il pouvait évacuer facilement le stress de toute une journée, et méditer tranquillement sur l’actualité. Il se glissa hors du lit délicatement et mit ses pantoufles. Il sortit de la chambre sans faire de bruit : une vieille habitude inutile puisque sa femme enlevait son appareil auditif au coucher. Ode avait été touchée très jeune par des problèmes d’oreille interne. Sans son appareillage, elle n’entendait rien. Il aurait bien pu souffler dans un clairon qu’elle n’aurait pas bougé d’un pouce.

Adam s’engagea dans le couloir et descendit l’escalier qui débouchait dans le séjour. Il dut se frayer un chemin au travers du méandre de cartons qui jonchait le sol. Il était 00 : 15. La nuit s’était déjà bien installée sur le quartier. Il passa à la cuisine et se rendit compte qu’il n’avait pas pris ses médicaments ce soir-là. Il souffrait depuis quelque temps de vertiges dus, selon son médecin, à un trop grand surmenage. Il se servit un grand verre d’eau et les avala d’un trait. Il enfila sa veste, un pantalon et ses chaussures, puis il sortit. Comme de coutume, il descendit l’axe principal du lotissement pour remonter ensuite la rue Grimonds. La zone résidentielle était constituée de nombreuses petites rues reliées les unes aux autres. L’ enchevêtrement rendait fou de nombreux livreurs. Les maisons étaient toutes des pavillons individuels entourés de larges jardins arborés. Au centre de ce dédale, un petit parc agrémenté de balançoires et autres jeux de plein air faisait le bonheur des enfants, et proposait aux parents de larges bancs confortables où l’on pouvait rêver et bavarder des heures durant. Les rues étaient jalonnées de jolis lampadaires, style du siècle des lumières, qui jetaient une lumière blafarde sur les trottoirs. Adam avançait donc allégrement d’une zone d’ombre à une zone éclairée, tout en descendant l’allée principale quand, il la vit.

Sur le coup, il pensait rencontrer un autre noctambule souffrant du même mal que lui. Mais la démarche adoptée par la personne lui parut bizarre. Elle était à environ une centaine de mètres de lui. Elle se dirigeait vers Adam en claudiquant. Ou, plutôt, elle avançait lentement tout en balançant exagérément son postérieur de droite à gauche. D’où il se trouvait, la silhouette semblait humaine. Mais plus elle approchait, plus il en doutait. À chaque fois qu’elle passait sous un lampadaire, un détail sautait au nez d’Adam. Elle tenait ses bras recourbés devant elle à la manière… Oui, cette image peut paraître étrange, mais cette façon de se mouvoir lui faisait penser aux célèbres vélociraptors du Monde Perdu de Steven Spielberg. D’ailleurs, à cet instant précis, la peur s’insinua dans tout son corps. Adam regarda rapidement de droite à gauche. Personne. Tout était calme. Il pouvait crier, à cette heure, on l’entendrait rapidement. Il faut dire qu’Adam n’était pas quelqu’un de téméraire. Il préférait la prudence et la sagesse à l’aventure. Cet adage lui avait servi maintes fois dans son métier de conseiller à la banque centrale de Cliver.

La chose n’était plus qu’à une cinquantaine de mètres. Elle progressait rapidement. Sa tête semblait disproportionnée et sa taille devait dépasser aisément les deux mètres. Adam comprit alors qu’il était temps de fuir et de se mettre à l’abri. La villa des Ferdinand était juste à deux pas. Il décida de la rejoindre au pas de course au moment même où la chose se mit à courir vers lui. Son cri de terreur, marqué par la surprise, s’étrangla dans sa gorge. Il émit un faible cri d’oisillon. À peine avait-il tourné les talons pour se diriger vers la demeure de ses voisins, qu’il se sentit violemment tiré par les pieds. Il chuta lourdement au sol face contre terre. Sa tête heurta le bitume. Étourdi, il tenta à nouveau de hurler. Mais le choc lui avait coupé le souffle. Il essaya de rouler sur lui-même pour faire face à son agresseur, mais il n’en eut pas le temps. En un éclair, la bête le traîna par les pieds. Car, il n’y avait plus de doutes possibles, la chose n’avait rien d’humain. Il tenta de résister en arcboutant ses mains vainement sur la route, mais ça ne fit que lui entamer les chaires douloureusement. Son menton s’entailla profondément sur le trottoir. Le reste défila comme dans un rêve. Ses oreilles lui diffusaient des sons lointains. Il sentait le frottement de son corps sur le sol. Sa vue brouillée lui projetait des images stroboscopiques. Il sentit alors sous ses doigts le contact agréable du gazon. Les lumières de la rue déclinaient lentement. Il comprit que son agresseur l’emmenait vers le parc.

À cette heure, personne ne risquait de flâner dans les environs. Il était seul. Adam pensa à sa femme qui dormait tranquillement et qui ne se réveillerait pas avant le petit matin. Elle ne se rendait même pas compte des promenades nocturnes de son mari. Soudain, il vit un banc. Instinctivement, il s’y agrippa de toutes ses forces. Mais la bête tira si violemment qu’il du lâcher-prise. Elle lui aurait arraché les bras sans difficulté. Il fut trainé encore quelques mètres puis la chose s’immobilisa. Adam en profita pour couler un regard vers elle. Elle était de dos, immobile. Elle portait une sorte de tunique unie beige. Sa tête, démesurée, était surmontée de deux cornes. Il ne les avait pas remarquées quelques instants avant l’attaque. Était-ce le diable ? Adam était très croyant, mais il ne pensait jamais rencontrer un jour le démon. La bête semblait fixer un point au milieu du parc, une sorte de boîte. Du sang coulait dans les yeux d’Adam. Il se ressuya délicatement avec le dos de la main. L’animal se retourna en émettant un son guttural. Une peur panique tenailla Adam qui tenta de reculer sur son siège. La chose le saisit par le pied. Il vit alors son visage recouvert de poils, ponctué d’un nez exubérant et surmonté de deux yeux sombres et cruels. Il fut à nouveau amené de force en direction du point central du parc. Il cria à nouveau, en vain. Ses cris lui semblaient ridicules. Il arriva en face d’une grosse caisse. La bête la souleva avec aisance, et enferma Adam à l’intérieur. Il ne résista pas. Elle allait l’emmener et le tuer, probablement.

Il se trouvait dans le noir complet. Il tâta sa prison de gauche à droite et de haut en bas. Elle devait mesurer environ un mètre de haut sur 1,30 mètre de large tout au plus. Il pouvait à peine étendre ses jambes. Le sol semblait être en bois alors que le reste était en une autre matière, plus souple. Adam s’attendait à être transporté sans ménagement, mais la caisse ne bougeait pas. Que faisait la bête ? Était-elle partie ? Il voulut donner de grands coups de pied sur une des façades de la boîte, mais se ravisa. Il ne voulait pas énerver le monstre. Il fallait qu’il reprenne un peu de forces et qu’il réfléchisse calmement à sa situation.
Il plaqua son oreille à la caisse. Il ne perçut aucun bruit. On n’entendait même plus les insectes. Pourtant il était dans le parc ! Il en était certain. Peut-être que l’épaisseur de la caisse ne laisser filtrer aucun son ? Il laissa filer quelques minutes. Ses blessures à la tête et au menton le faisaient souffrir. Il sortit un mouchoir de la poche de son pantalon et le tamponna précautionneusement sur ses ecchymoses. Le silence régnait toujours en maître. C’était encore plus angoissant. Que préparait-elle ? Le temps passait. La douleur était de plus en plus vive et Adam perdît connaissance.

Un bruit l’extirpa de son sommeil. Il se rassis rapidement, en proie à une soudaine panique. Combien de temps avait-il dormi ? Il ne savait même pas si la chose l’avait déplacé. Il tendit l’ouïe. Des bruits de pas étouffés provenaient du dessus. Était-il dans une cave ? Les pas se rapprochaient. On descendit des marches juste derrière lui. Il se figea de terreur. Il osait à peine respirer.

_ Adam ? fit une voix.

Son sang ne fit qu’un bond. C’était la voix d’Ode. Que faisait-elle là ?

_ Adam, tu es là ? reprit-elle.

_ Ode ? Par ici ! répondit-il plein d’espoir.

Les pas se rapprochèrent au niveau de la caisse, martelant ce qui devait être un plancher en bois.

_ Ode ! Je suis enfermé dedans ! Ouvre vite ! Il ne faut pas rester là !

La boîte se souleva lentement et laissa entrer un filet de lumière qui se transforma vite en un jet puissant. Il fut aveuglé. Il leva les yeux et reconnu sa femme.

_ Mais que t’est-il arrivé mon chéri ? fit-elle en s’agenouillant. Tu es blessé ! J’appelle vite le médecin. Ne t’inquiète pas. Tu as dû encore faire un malaise !

Adam était assis dans son salon, à trois mètres à peine du pied de l’escalier où trônait le joli tapis à poils longs. Le long du mur, où la tapisserie beige laissait transparaître quelques défauts de jointure, le petit banc pour enfant de bois clair était taché de sang. La caisse dans laquelle il était enfermé n’était autre qu’un simple carton. Hagard, il regarda sa femme décrocher le téléphone près de la porte menant au vestibule. Au-dessus, la tête d’élan, que son fils lui avait offerte quelques années auparavant, le fixait de ses deux yeux cruels.


FIN
© David Pierron, Décembre 2010
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