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Aziliz
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Aziliz

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MessageSujet: (Sans titre)   (Sans titre) EmptyJeu 6 Mai 2010 - 12:20

Bonjour !

Voila le début de mon Roman, donc chaque message représente la séparation des parties. Merci de ne pas prendre ce texte sans mon accord. Vos commentaire sont à poster Ici
(sans titre n'est pas le titre définitif, je ne l'ai juste pas encore trouvé)

Préface : Naissance

C’est un moment inouï, incroyable. Si pur et pourtant si fragile. Intense et impalpable.

Tout a commencé lorsque j’ai plongé mes yeux dans les tiens. Tu avais ce sourire étrange que je t’ai toujours connu. Autant dans tes romans que dans la phrase que tu m’as offerte ce jour-là, j’ai senti la justesse de l’absolu. Tu vivais avec les mots. Comme te glissant dans une rivière tumultueuse, tu évitais avec passion les écueils et nageait avec ardeur. Tu te jouais du courant comme personne et tu trouvais attendrissant les bonds que je - que nous - faisions pour nous débattre dans l’eau. Comme une bouée de sauvetage, tes mots ont tiré mon cœur de la noyade.
« On n’écrit pas les histoires, nous ne faisons que les raconter »
Ce n’est pourtant qu’aujourd'hui, lorsque je tiens son corps encore frêle entre mes doigts, que je sens son pouls léger battre contre le mien, que je comprends le véritable sens de tes paroles. Et leur infinie justesse. Ma douce petite. Il m'arrive parfois encore de tenir contre mon cœur tes propres enfants. Ils sont déjà bien grands et, si tu n'es plus là pour veiller sur eux, sache que mes yeux ne les quittent plus. J'aime écouter ce qu'ils racontent avec l'oreille attentive de la mère que je ne suis pas encore - que je suis en train de devenir. Leurs mensonges ont le doux voile de la vérité.
Mon bébé ne parle pas encore, bien qu'il me réveille la nuit. Sans broncher, je me glisse à son chevet et le contemple grandir. Pas à pas. C'est un tel bonheur qui m'envahit lorsque je l'observe en silence que plus rien d'autre n'existe à mes yeux. Je songe parfois avec un sourire que, comme dans la chanson, j'ai fait un bébé toute seule, mais je sais bien que c'est faux. Il a la douceur de ta peau. J'aime le caresser du bout des doigts sur son petit ventre charnu et le sentir frissonner à ce contact. Parfois, il ouvre les yeux et je me plonge dans l'azur de son regard. Ton regard et sa douce violence. Je souris. Je suis heureuse de te retrouver à travers lui, de même que je retrouve ta douce insouciance et ta fragilité contenue.
Il est tout à mes yeux. Ma vie en plus petit. En plus beau aussi.
Pendant les longs moments qu'il passe, endormi contre mon cœur, je regarde le monde se mouvoir autour de moi. Personne ne semble le remarquer et pourtant je sais que tous ont senti son existence. Toi plus que les autres. Tu me connais trop bien pour ignorer que cela fait cinq ans si ce n'est plus que j'attends de la voir frémir entre mes doigts et que tous mes futurs semblent converger vers elle. Oui, elle, c'est une petite fille. Tu me demandes parfois comment elle se porte, et comme toujours, je te réponds qu'elle grandit, à son rythme. Tu me demandes plus souvent comment je vais. Tu t'inquiètes tellement pour moi, pour mon avenir, pour notre avenir. Tous ensembles.
Je t'aime. Et les mots sont faibles pour exprimer mes sentiments à ton égard. Ma gratitude, d'abord. Pour m'avoir soutenue et m'avoir guidée à chaque étape de ma vie. Pour avoir permis à cette petite fille de naître et surtout pour m'avoir permis de la voir grandir. Pour m'avoir fait changer. Et grandir. Mon bonheur aussi, de te savoir à mes côtés à chaque instant. De lire dans ton regard une compréhension, une complicité au-delà des mots. De savourer avec joie tes moments de délicatesse et de joie confuse. Un roman entier ne suffirait pas à tout te raconter. Mais qu'importe puisque tu sais déjà ce que j'ai dans le cœur et que personne - même pas elle - ne saurait y prendre ta place.
Tu sais, elle me réserve bien des surprises, cette petite. Aussi imprévisible que toi, elle se joue de sa pauvre maman comme un fétu de paille balayé par le vent. Et la comble de bonheur indicible. Je t'ai toujours tenu au courant de ses bêtises - mais je n'aime pas ce mot, il n'est pas totalement juste - pourtant je sais que tu ne la vois pas dans la globalité dans laquelle je la vois. Pour toi, ce n'est qu'une petite fille. Peut-être l'aînée d'une ribambelle d'autres. Ce n'est pas qu'une petite fille. C'est la plus belle. La plus douce aussi.
Je l'ai sentie bouger dans mon ventre il y a plusieurs mois de cela. Complètement prise au dépourvu je n'ai rien fait. Je ne pouvais pas l'empêcher de grandir et au fond de moi, je savais que j'en avais besoin. Que j'en avais envie. Je te l'ai caché longtemps, mais tu m'as démasquée un soir. "Qu’est-ce ?" avais-tu dit. Je m'étais contentée de m'empourprer et tu avais souri. Je ne t'ai rien révélé de ce que je savais alors. Je devinais déjà en elle la douceur de tes traits et la force de notre relation. Comme toutes les futures mamans, j'ai ensuite eue de drôles de lubies - et tu étais inquiet comme je ne t'avais jamais vu inquiet auparavant - des sautes d'humeur - que tu encaissais sans broncher, me remontant le moral lorsque j'étais en pleurs et me rassurant lorsque la peur me nouait l'estomac. J'ai commencé à te découvrir tel que tu étais vraiment. C'était plus beau qu'un rêve.
Je la voyais déjà, cette petite, à travers tes mots. Plus encore, à travers ton regard, tes yeux, tes étreintes, et chaque moment que nous passions ensemble. C'est dans un drôle de retour en arrière qu'elle me plonge et je revois nos meilleurs moments. Ce jour, pas si lointain, où tu as décrété que j'étais la femme de ta vie. Cet instant si violent et si doux où, pour la première fois, nos doigts se sont mêlés pour ne plus se lâcher. Ces longues heures à contempler le paysage sans rien dire, en laissant les accords de diamonds and rust se mêler aux sentiments étranges qui se tissaient entre nous. En nous.
Lentement, les mots ont commencé de couler en moi. Comme une rivière. Impossible à arrêter. J'ai senti son essence se fondre en moi. Au fond de mon âme, son cœur palpitait, lancinant battement qui rythmait mes phrases. La plume cours sur le papier avec la douceur d'une caresse. Lentement, je me libère de ce qui était prisonnier en moi. De cette petite fille si tendre et si câline qui sommeillait dans mon ventre. Je ferme les yeux, harassée par l'effort, et avec un bonheur inouï, son premier cri se fraye un chemin vers mes oreilles. Une larme coule sur ma joue et je serre contre mon cœur ce petit bout de moi - et de toi.
Ce petit bout de nous. Cette douce histoire d'une rencontre, d'une deuxième, d'une troisième. Cette histoire d'amour pur entre moi et vous trois. Entre moi et toi. Entre toi qui es parti, entre toi qui es toujours là, entre toi qui es un peu le chat, et un peu la souris. Entre la légende que les mots ont tissé en mon âme. Entre l'amie de toujours qui a su me faire croire en mes rêves. Entre l'insaisissable amour que la complicité et le temps rendent imbrisable. Une petite histoire de nous quatre réunis.
Je la regarde grandir et chaque jour, ses mots me semblent plus justes. Ce ne sont encore que des balbutiements, des essais infructueux pour se faire comprendre et pourtant. Avec un sourire, je passe mes doigts dans la frêle chevelure qui couvre son crâne d'enfant et, comme une vision d'avenir, un frisson d'expectative me parcours. Je ne sais pas si elle est vouée à une grande existence pleine de gloire. Qu'importe, dans mon cœur, elle restera toujours la plus belle, la plus douce, mais surtout la plus vraie de toutes mes histoires. Aziliz.

_________________________________


Zénith

La nuit reprenait doucement ses droits sur la prairie, parant chaque brun d’herbe d’une ombre malicieuse, et distillant une inquiétante sérénité. Aziliz ouvrit sa fenêtre, offrant son visage à la caresse d’un vent capricieux, le seul à encore troubler le silence instauré par la semi obscurité. La jeune fille sauta souplement dans les hautes herbes.
Pareille à une ombre, elle se glissa avec délectation de l’autre coté du muret de pierres sèches qui cernait la ferme où elle travaillait depuis une dizaine de jours. Comme chaque nuit, son besoin de liberté reprenait le dessus. Elle disparut.
Le premier flocon de l’année vint mourir sur sa joue. Elle sourit en tournant son visage vers le ciel. C’était comme si les étoiles s’étaient décrochées de la voûte céleste pour tomber sur la prairie en une délicieuse poudreuse. Elle ouvrit les bras et offrit son être tout entier à la magnificence qui sévissait ici. Libre.
Libre. Ce mot résonnait, doux et pur, dans son âme. Libre. Il vibrait dans le chemin qu’elle suivait, depuis bientôt quatre ans. Libre.
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MessageSujet: Re: (Sans titre)   (Sans titre) EmptyJeu 6 Mai 2010 - 12:22

Aurore

Des larmes montèrent à ses yeux et elle claqua la porte de toutes ses forces. Barricadée dans sa chambre, elle laissa libre court à sa tristesse. Puis la rage remplaça la peine. Ses parents avaient beau ne pas la comprendre, elle ne se laisserait pas enfermer pour autant. Elle jeta un coup d’œil circulaire à la pièce richement meublée qu’elle occupait depuis seize ans. Un large lit à baldaquin trônait contre le mur, face à elle, entouré de diverses armoires et coffres qu’elle savait remplis de belles draperies, de robes chatoyantes, et de rutilantes tenues. A droite du lit, une coiffeuse en bois massif reflétait paisiblement le faste de la pièce tandis que perles et bijoux tentaient vainement de capter la lumière du jour qui filtrait derrière les rideaux. Aziliz se leva et se planta devant le miroir en tentant un sourire. Elle était jolie, malgré ses yeux rouges et sa mine renfrognée. Une cascade de boucles brunes ruisselait sur ses épaules, elle avait le visage fin, légèrement ovale. Deux yeux noisette et un petit nez pointu surmontait des lèvres pulpeuses. Vêtue d’une grande robe verte qui laissait ses épaules dénudées, elle nota pour la première fois le léger renflement de ses seins sous la soie, la courbure de ses hanches qui se faisait plus marquée. Son corps devenait peu à peu celui d’une femme.
Pourtant, elle se sentait encore enfant, pas même jeune fille, enfant. Une enfant qui bientôt intégrerait l’école d’archivistes comme l’avaient toujours fait ses ancêtres à son âge. Une enfant qui passerait trois années de sa vie dans les livres, à étudier, pour finalement hésiter plus tard entre être secrétaire d’un des conseillers du roi ou directrice d’une des grandes bibliothèques du royaume.
Un avenir qui ne l’emballait guère, et qui lui déplaisait même beaucoup. Un avenir qui ne serait pas le sien. Elle se l’était juré. Mais ses parents ne paraissaient pas apprécier le fait qu’elle se soutire aux us et coutumes familiaux.
Elle adressa un dernier sourire au miroir avant de quitter la pièce. Ses parents, après la violente altercation qui les avaient opposés à leur fille, s’étaient calmés et discutaient dans le somptueux salon, dont les murs étaient évidemment couverts de livres.
- Où vas-tu ?
Elle avait fait mine de rien et s’était dirigée vers la porte d’un air dégagé, son père l’avait interpellé malgré tout.
- Où vas-tu ?
- Voir Héléna, elle m’attend devant la fontaine.
- D’accord.

Il ne se doutait pas qu’il ne la reverrait plus.
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MessageSujet: Re: (Sans titre)   (Sans titre) EmptyJeu 6 Mai 2010 - 12:23

Aurore

La ruelle était déserte, désespérément déserte. Et elle était coincée, définitivement coincée. Elle recula contre le mur de pierre lorsqu’elle comprit que cela ne faisait que la coincer un peu plus. Le cercle de ses assaillants se resserrait peu à peu autour d’elle. C’était une bande de piliers de bar qui suaient la saleté autant que l’alcool, sept gros lourdauds… Lourdauds certes, mais elle était seule…
Et elle ne s’était jamais battue !
Elle se força à se détendre, si elle se calmait, elle avait peut être une chance de s’en sortir. Peut-être.
- Alors ma jolie, tu cherches l’aventure ?
Pour toute réponse, elle se mit légèrement de profil et plaça ses mains devant elle en une maigre garde de combat. Elle avait plusieurs fois vu des guerriers s’affronter dans l’arène et elle découvrait que, si son corps fut maladroit, son esprit, lui, avait enregistré certains gestes.
Celui qui semblait être leur chef dévoila trois chicots noirâtres dans un affreux sourire.
- On va t’apprendre la vie ma mignonne.
Ils se ruèrent sur elle.
Que pouvait une jeune fille de seize ans face à sept lourdauds ? Rien. Aziliz en avait bien conscience et au moment où la première main s’approchait de son buste, elle se baissa, tentant de passer entre leurs jambes. Malgré les coups qui pleuvaient sur son corps, elle parvint à sortir du cercle, se releva et se mit à courir. De toutes ses forces. Elle entendait derrière elle les lourdes bousculades de ses adversaires et, terrifiée, courrait sans se retourner. Sauf qu’elle filait droit dans une impasse. Un mur, haut de trois mètres, parfaitement lisse, le mur extérieur de la caserne… Sauf qu’a cette heure là, elle devait être vide.
De nouveau ses adversaires la cernèrent, ne lui laissant cette fois ci aucune possibilité de fuite. Elle en aurait pleuré. Elle se tint coite, prête à défendre chèrement sa peau.
Elle n’en eut pas besoin. Ayant bondi du mur derrière elle, un homme se tenait entre elle et ses assaillants. De profil, les bras relevés en une parfaite garde de combat, il était impressionnant. Ce qui n’empêchait pas qu’il allait se faire tailler en morceau ! Il était seul, seul face à sept. Il n’avait aucune chance. Aziliz serra les dents, attendant les coups qui ne manqueraient pas de pleuvoir sur elle dans un instant. Ses adversaires sourirent, ils ne feraient qu’une bouchée de l’homme, et après, ils s’amuseraient avec sa copine. Le cercle se resserra autour de l’inconnu.
D’un parfait ensemble, ils attaquèrent, voulurent attaquer. Le bras de l’homme s’abattit sauvagement sur un poing tendu dans un sinistre craquement. Il évita d’une torsion du buste la charge d’un barbu deux fois plus large que lui et tendit la jambe au dernier moment. Le pilier de bar s’effondra au milieu de ses congénères dans un concert de jurons.
Profitant du désordre engendré par la chute, l’inconnu mis hors jeu deux autres hommes. L’un se plia en deux, frappé par un poing raidi dans le plexus solaire, l’autre fut cueilli sous la mâchoire par un violent coup de pied. Comprenant soudain qu’ils n’avaient aucune chance contre lui, les sept lourdauds se séparèrent et disparurent dans les ruelles adjacentes.
Aziliz qui avait fermé les yeux pendant l’affrontement, contemplait avec effarement la scène. Comment cet inconnu seul avait il put se débarrasser de sept hommes ?
- Viens, lui murmura-t-il, ne traînons pas ici.
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MessageSujet: Re: (Sans titre)   (Sans titre) EmptyJeu 6 Mai 2010 - 12:24

Aurore

La jeune fille suivait celui qui l’avait défendu dans un dédale de ruelles qu’elle ne connaissait pas. Elle avait beau être née ici, la ville était vaste et ses sorties, avant cette dernière semaine, peu nombreuses. Il marchait devant elle à grandes enjambées ce qui l’obligeait presque à courir pour ne pas se laisser distancer. Il était grand, et ses gestes, malgré la vitesse qu’il s’imposait, emprunts d’une fluidité déconcertante. Aziliz le détailla : plus fin que les guerriers qu’elle avait vu s’affronter, il n’en était pas moins impressionnant. Sa stature forçait le respect, de même que ses étonnants vêtements bruns et amples qui le faisait ressembler à ces hommes du sud, réputés pour combattre à mains nues les redoutables créatures du désert.
Il s’arrêta brusquement et pénétra dans une maison basse. Sans hésitation Aziliz entra à son tour dans la bâtisse. La porte s’ouvrait sur une grande salle meublée de petites tables de bois sombre. De nombreux convives discutaient autour de plats fumants ou de chopes de bière. L’homme adressa deux mots à la tenancière et ils prirent place contre le mur du fond. Aziliz s’assit sans rien dire, subjuguée par l’aura de l’homme qui lui faisait face. Ce fut donc lui qui prit la parole :
- Je me demande bien ce que faisait une fille comme toi en pareille compagnie…
- je… euh… je…
Elle s’empourpra ce qui tira un sourire amusé à l’inconnu.
- Ne t’inquiète pas, je n’essaye pas de te soutirer tes secrets.
Perdue et ne sachant que répondre, elle se contenta d’observer ses mains posées sur la table, des mains si douces et fines qu’elles paraissaient presque fragiles.
- Comment t’appelles-tu ?
- Je… euh… Aziliz. Et vous ?
Il éclata d’un rire frais et joyeux.
- Tu peux me tutoyer tu sais ! Je ne dois pas avoir plus de deux ans de plus que toi.
Aziliz se rasséréna elle prenait tout à coup conscience qu’elle n’était plus une enfant, et malgré la peur et la fragilité qu’elle ressentait depuis qu’elle avait quitté la maison, elle avait grandi.
- D’accord, fit elle, et toi ?
- Je m’appelle Evan. Que faisait tu en ville ?
Elle ne répondit pas tout de suite et, se méprenant sur son trouble, il s’empressa d’ajouter :
- Enfin si tu veux en parler…
- Oh euh… Et bien… A vrai dire… Je cherchais ce que j’allais faire maintenant.
Il l’observa avec étonnement, cherchant en vain une explication à la réponse sibylline qu’elle venait de lui offrir. Puis il remarqua ses vêtements qui, s’ils étaient déchirés, ne montraient pas moins sa noblesse, ce qui renforça sa perplexité. Il n’était pas rare que des jeunes filles seules se fassent agresser dans ces quartiers, en revanche les nobles ne les fréquentaient jamais sans escortes… Que faisait-elle ici ?
- Merci… de… euh… De m’avoir sauvée… tout à l’heure.
Les joues rouges et la tête baissée, elle se sentait à présent honteuse de sa situation. Il lui adressa un doux regard qui fit fondre sa gêne. C’est ce moment que choisit l’aubergiste pour leur amener deux verres de vin aux épices ainsi qu’un panier de galettes à l’odeur sucrées.
Evan la remercia et elle tourna les talons pour servir une troupe bruyante qui venait d’entrer.
Aziliz porta maladroitement le verre à sa bouche, c’était la première fois qu’elle goûtait le vin et cela lui tira une légère grimace tant le goût était âpre. Conciliant, Evan lui tendit les galettes sucrées en s’excusant :
- Ce n’est pas le meilleur vin aux épices que j’ai goûté, en effet…
Cela ne l’empêcha pourtant pas de boire une longue rasade avant de poursuivre :
- As-tu trouvé ce que tu vas faire ?
Elle secoua la tête.
- Non.
- Depuis combien de temps vis tu seule ?
- Comment savez-vous que…
- Observation, alors depuis combien de temps ?
- Guère plus d’une semaine…
- Alors je te conseille de passer la nuit ici, les chambres sont accueillantes, la vermine peu nombreuse et cela te laissera le temps de réfléchir.
- Possible…
Il sourit et observa, les yeux dans le vague, les autres clients de la taverne. Aziliz en profita pour le détailler. Les cheveux ras, un visage ovale, allongé d’un petit bouc châtain. Il était plutôt séduisant, avec sa bouche fine et son teint blanc, mais ce qui subjuguait la jeune fille, c’était son regard. D’un bleu exceptionnel, à la fois profond et clair, indescriptible. Et sa façon de regarder. De tout voir sans bouger les yeux, de couver du regard deux enfants se chamaillant et l’instant d’après, détailler un des clients attablés. Quittant la douceur de ses yeux, elle remarqua sa façon de se tenir, à la fois droite et souple, décontractée et pourtant prête à toute éventualité.
Son regard se reporta sur Aziliz et elle tourna les yeux.
- Tout à l’heure, fit-elle d’une voix timide, tu… tu as battu ces sept hommes… seul… Co…comment as-tu fait ?
Il eut un rire léger avant de répondre.
- Je me suis longtemps entraîné.
- Et euh… continua-t-elle d’une voix si basse qu’il dut se pencher pour l’entendre, tu… tu pourrais m’apprendre… Non parce que je vais sûrement rester seule longtemps et… je … je voudrais voyager, et si ça m’arrive de nouveau… je …
- Si tu n’arrête pas de parler, je ne pourrais pas te répondre.
- Euh… je … Excuse moi.
Il rit et but à nouveau avant de la regarder avec attention. Transpercée par son regard, elle se retint de se recroqueviller sur son siège.
- Peut être.
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MessageSujet: Re: (Sans titre)   (Sans titre) EmptySam 22 Mai 2010 - 14:21

Zénith

Aziliz sourit à la nuit, cela faisait bientôt deux heures qu’elle marchait seule dans la prairie et la cime des premiers arbres se dessinait à l’horizon. Si tout allait bien, elle y serait avant l’aurore. Elle progressait vite, ne s’étant chargée que du nécessaire, elle filait comme une ombre vers l’aventure. Libre.
Pas une fois elle n’avait regardé en arrière la vieille ferme de pierre s’éloigner dans les hautes herbes, ni repensé à l’embrassade de Barn ou aux larmes de sa femme lorsqu’elle leur avait annoncé son départ. Ils ne se faisaient pas d’illusions. Ses ballades nocturnes s’éternisaient et, lorsqu’elle nourrissait les animaux, son regard se perdait souvent dans le lointain. Elle partirait bientôt, ils le savaient. Cela n’avait pas empêché leur cœur de se déchirer quand elle le leur avait annoncé. Elle aussi les avait beaucoup aimés, mais sa liberté prévalait sur toute forme d’attachement, et sa liberté lui avait soufflé qu’il était temps de partir.
La terre était recouverte d’un épais tapis neigeux dans lequel elle s’enfonçait jusqu’aux genoux. Malgré tout, elle continuait vers le nord. Elle savait qu’après être sortie de la prairie et avoir traversé la forêt de Brancheflame, elle arriverait dans la cité d’Estenar, la ville des rêves, de la neige et du secret. Cela la réjouissait déjà. Mais ce qui la réjouissait surtout, c’était la traversée de Brancheflame, même si la somptueuse période de l’automne qui lui donnait son nom était révolue depuis longtemps.
Elle savourait ce voyage perdue dans ses pensées lorsqu’une créature grande et élancée fondit sur elle. Mue par un prodigieux réflexe, elle plongea au sol, roula et se releva hors de portée du monstre. C’était un énorme félin au pelage mi roux mi brun. Haut de plus d’un mètre et pesant au moins 75kg, l’animal feula, dévoilant des crocs d’une quinzaine de centimètres. Alors qu’il se ramassait pour bondir, Aziliz dégaina une dague d’un fourreau caché dans sa botte, et se mit en garde. Les deux prédateurs se toisèrent un instant, puis le lynx - si s’en était bien un- bondit sur elle. La jeune femme décala ses appuis, se baissa tandis que sa lame traçait un sillon sanglant sur le poitrail de l’animal qui amortit péniblement sa chute avant que la dague ne s’abatte de nouveau derrière sa nuque, mortelle. Aziliz, un air sadique sur le visage, se frotta les mains.
- Et moi qui croyais ne rien avoir à dîner !
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MessageSujet: Re: (Sans titre)   (Sans titre) EmptySam 22 Mai 2010 - 14:22

Zénith

Même cuite à point, la viande de lynx demeurait difficile à mâcher et avait un goût désagréable. Pas étonnant qu’aucune auberge n’en proposait ! Se dit Aziliz assise à l’orée de la forêt, près d’un petit feu de bois sur lequel elle avait fait rôtir un bon morceau de viande récupéré sur l’animal. Elle mastiquait avec peine mais appréciait la douce quiétude d’un estomac rempli. Le soleil n’était pas encore levé, pourtant la clarté du petit jour s’éveillait pour jouer avec son reflet sur la neige. Aziliz frissonna et se rapprocha du feu, en s’enroulant du mieux possible dans sa cape.
Son repas fini, elle s’allongea près des flammes et bascula dans un demi-sommeil comme elle faisait toujours lorsqu’elle devait dormir seule dehors. Ses rêves, ce matin là, se firent bien étranges.
Elle se revît quelques années plus tôt, seule dans les rues désertes de Solistia, la capitale du royaume de Mal-Avel qui s’étendait des Marches des Dieux au désert Lunerousse. Solistia, la ville de son enfance, aussi bigarrée et disparate que le reste du royaume. On trouvait autant de beaux quartiers, avec des maisons à colombelles, entourées de jardinets fleuris que de petites rues mauvaises où les pavés se déchaussaient et les maisons se transformaient en lugubre fantôme de terre glaise. Ah les belles robes de son enfance, les bonnes manières et les repas aussi copieux que délicieux. Elle ne les regrettait pas, au contraire. Elle se souvenait presque avec délectation de sa première nuit à la belle étoile dans une ruelle malodorante près du mur d’enceinte. Le froid d’abord l’avait étreint, puis la dureté de la chaussée sur laquelle elle s’était étendue et ensuite la peur, la peur de la nuit, des bruits alentours, et du silence encore plus pesant. Et au dessus de la ruelle mal éclairée, les étoiles qui lui chantaient des berceuses.
Puis son rêve changea, et elle se vit, plus âgée, tuer un lynx d’au moins 5 mètres avant de le faire rôtir pour ouvrir sa propre taverne qu’elle avait appelé « le kilo de viande ». Seule à l’intérieur du curieux établissement, elle remarqua que la tapisserie était de fourrure et les chaises et tables taillés dans l’os. Elle eut une grimace de dégoût en découvrant son premier client : c’était un homme grand, la barbiche taillée en pointe qui soulignait d’épaisses lèvres rose pâle. Le teint légèrement bronzé et deux yeux noisette, le doute n’était plus permis.
- Alors ma petite fouine des neiges ! S’exclama son père.
- Qu’est-ce que c’est que ça ? Fit-elle en montrant l’étrange habillement de son géniteur.
- Quoi, tu n’aimes pas ?
Il tourna sur lui-même afin qu’elle puisse l’admirer. Une belle robe verte qui laissait les épaules dénudées, une longue écharpe de fourrure de lynx et des tresses de plumes de grèbe arc-en-ciel dans les cheveux, il était grotesque. Il paraissait pourtant persuadé d’être à la pointe de la mode. Aziliz aurait pu trouver ça drôle si la dizaine de personne entrée à sa suite ne portait pas le même accoutrement. Ils s’agitaient autour d’elle en une sorte d’incantation et elle se voyait peu à peu transformée en lynx amateur de robe.
Elle se réveilla en sursaut et vit avec soulagement qu’elle était toujours enroulée dans sa cape près des restes du feu, qu’elle portait toujours son gilet de cuir noir par-dessus une tunique anthracite qu’elle avait rentré dans son pantalon de cuir sombre. Ses bottes en daim montaient toujours jusqu’à se genoux et la pelure de laine couvrait toujours ses épaules sous sa cape. Ses dents n’avaient pas poussé pendant la nuit. Sa pilosité était normale. Elle soupira. Elle se leva, épousseta ses vêtements et ramassa son sac, se promettant intérieurement de ne plus jamais manger de lynx. Elle vérifia que ses lames jouaient bien dans leurs fourreaux et contrôla son paquetage, rien ne manquait et elle disposait d’assez d’eau pour trois jours, temps approximatif qu’il lui faudrait pour rejoindre Estenar si elle ne traînait pas. Elle entra avec délectation dans la forêt.
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MessageSujet: Re: (Sans titre)   (Sans titre) EmptySam 22 Mai 2010 - 14:23

Aurore

Aziliz se frotta les yeux et se leva péniblement. Le soleil n’était pas encore levé mais Evan avait insisté pour qu’ils partent tôt. Elle se glissa dans le bain qu’on avait préparé à son attention et observa les changements de son corps. Ses mollets et ses fesses étaient raidis par l’entraînement qu’il lui avait imposé la veille, ses cuisses lacérées de griffures, ses ongles étaient courts - tous avaient fini par casser - et ses bras hurlaient de douleur. Seul son buste avait été épargné mais pas pour longtemps, le jeune homme le lui avait promis la veille. Elle soupira. Son regard se posa un instant sur la marque noire de son poignet, seul vestige de sa vie passée, trois branches qui tournaient autour de trois ovales entrelacées, le même tatouage que sa mère, que sa grand-mère, et à les en croire, que toutes les femmes de la lignée. Que signifiait-il ? Personne ne le savait, du moins personne n’avait voulu lui expliquer… Elle sortit de son bain et se sécha, redoutant impatiemment l’effort que lui demanderai Evan aujourd’hui.
Cela faisait trois jours qu’il l’entraînait sans relâche, d’abord au combat à main nues, puis armé, dans des ruelles étroites autant que dans la prairie et si elle savourait pleinement ces entraînements, elle en revenait mortifiée. Les membres ankylosés et meurtris, l’amour propre en miette, et pourtant elle sentait naître en elle une confiance nouvelle. Elle commençait à croire qu’elle pouvait vivre sans ses parents. Qu’elle devenait une femme.
Elle passa un pantalon de coton léger et une tunique de lin blanc, la chaleur de ce début d’été rendant superflu tout autre vêtement. Elle noua ses cheveux et passa les divers fourreaux et armes qu’elle avait acquis au cours des derniers jours avant de descendre dans la salle de l’auberge rejoindre son maître. Enfin, ce n’était pas son maître, mais pas son ami non plus, disons plutôt que c’était son guide de la vie seule.
- Nous partons, lui annonça-t-il d’une voix froide.
- Mais…
- Nous quittons la ville, ramasse tes affaires et suis moi.
Sa voix ne tolérait aucune réponse, aucune objection, aussi Aziliz courut rassembler ses maigres possessions : quelques vêtements chauds, une gourde, un peu d’argent et une besace assez grande pour ranger le tout. Quelques minutes plus tard, elle emboîtait le pas pressé de son guide dans le dédale de ruelles. Le matin était jeune et pourtant une foule dense occupait déjà les rues, profitant de la chaleur encore clémente. Evan jurait sur cette marée opaque de gens qui ralentissait leur progression quand enfin ils atteignirent les portes de la cité. Le jeune homme lui intima l’ordre de rester près de l’échoppe d’un marchand de cristaux.
Lorsqu’il revint, il tenait deux chevaux par la bride et l’entraîna hors des murs. Une fois loin de l’agitation, il lui tendit la bride du beau baie presque rouge qui répondais au nom de Crépuscule tandis qu’il montait avec vivacité sur Ecume, une petite jument pie-noir à l’œil vif.
- Euh… je… euh… Je n’ai jamais monté.
Avec un sourire, Evan descendit de cheval et s’approcha d’elle. Depuis qu’ils avaient quitté la ville il semblait avoir retrouvé un semblant de sérénité et c’est avec calme et patience qu’il l’aida à se mettre en selle avant de lui enseigner les rudiments de l’équitation. Remontant sur Ecume qui l’observait placidement, il examina Aziliz qui faisait tout pour se tenir droite sur sa selle, presque anxieuse d’échouer à ce nouvel exercice. Lorsqu’il mit son cheval au pas, Crépuscule suivit sans un mot sur une simple sollicitation de la jeune fille qui découvrait la palette de sensations inattendue qui était l’apanage des cavaliers. Elle sourit en sentant les muscles de sa monture jouer sous elle, sa crinière noire battre dans le vent et ses renâclements agacés lorsqu’elle faisait un mouvement brusque.
Evan esquissa un sourire. Décidément cette jeune fille était bonne élève, et il se faisait une joie de lui enseigner. Elle avait appris en trois jours ce que lui avait mis des mois à intégrer. A croire que la génétique jouait en sa faveur. Il secoua la tête : des nobles être d’incroyables guerriers ? Impossible. Il devait y avoir autre chose… Et il lui tardait de découvrir quoi.
Aziliz s’était vite senti bien sur sa selle et Crépuscule était un cheval calme et intelligent qui se laissait facilement guider, et qui, à défaut d’être guidé, suivait Ecume comme une ombre. La jeune fille profita donc de sa journée à cheval pour observer le paysage.
Depuis qu’ils avaient quitté Solistia, ils s’étaient dirigés plein sud, traversant la prairie, ponctuée ça et là des tâches de couleurs des cultures très fréquentes dans la région, car la terre était fertile et les pillards peu nombreux. Lorsque le soleil fut à son zénith ils se retrouvèrent face aux méandres du Céleste, le grand fleuve dont on disait qu’il prenait sa source de l’autre côté des Marches des Dieux. Bien que ce n’était pas l’endroit où il était le plus large, il était tout de même impressionnant et il leur fallut presque une heure pour traverser le pont que les ingénieurs avaient réussi à jeter sur le fleuve. Prodigieuse structure architecturale, deux flèches de cristal s’élevaient vers le ciel et soutenaient le passage grâce à des dizaines de lianes sombres : des fils de Dieux.
On racontait que les hommes qui vivaient dans les montagnes se servaient de ses étonnantes cordes pour que leurs maisons puissent résister aux avalanches qui dissuadaient les voyageurs les plus téméraires de tenter l’escalade des Marches.
Le pont passait sous la toile arachnéenne et s’engouffrait sur environ un mètre dans le cristal. Les yeux d’Aziliz volaient autour d’elle, tentant de capter toute la beauté du lieu. Le moindre reflet, la moindre étincelle de beauté pure. Evan sourit, presque attendri, se souvenant de sa propre découverte des lieux. Il laissa à sa compagne tout le loisir d’admirer la profondeur de l’ombre et la douceur de la lumière qui se mêlaient dans le cristal dans un complexe agencement divin.
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MessageSujet: Re: (Sans titre)   (Sans titre) EmptySam 22 Mai 2010 - 14:24

Aurore

De l’autre côté du pont, s’était un autre monde qui s’offrait à leurs yeux. La prairie laissait la place à une multitude de collines boisées, balayées par un vent violent. Malgré tout la température y restait agréable et ils gravirent au petit trot le premier mont et Evan détailla le paysage pour Aziliz : Les collines s’étendaient du fleuve jusqu’à la forêt de Mézières l’ouest, le désert Lunerousse au sud et les plateaux Terremages l’est. Par endroit les tertres se transformaient en marécages et les étangs y étaient nombreux, pourtant, depuis leur point d’observation la seule eau visible était celle du fleuve qui s’étendait en longs méandres indolents dans le paysage avant de se jeter dans l’Océan au sud ouest du royaume.
Ils chevauchèrent encore deux heures avant qu’Evan décrète une pause. La région était très peu habitée et les seules fermes qui s’élevaient en dehors de Maremon, la cité des collines, étaient regroupées plus au sud et à l’ouest près d’étangs qui permettaient l’élevage de toutes sortes d’espèces. Ils s’installèrent donc à l’abri d’un petit bosquet de frêne-étoiles. Ils mirent les chevaux à l’attache un peu à l’écart et, alors qu’Aziliz s’apprêtait à sortir leurs provisions, le jeune homme l’arrêta.
- Pourquoi ne pas manger ce que la nature nous offre ? Fit-il en désignant d’un mouvement de tête la voûte des arbres au dessus d’eux.
La jeune fille se dévissa le cou pour apercevoir les grosses baies rouges et violettes de l’arbre, réputées pour être délicieuses et nourrissantes, elles étaient très cultivées plus à l’ouest mais demeuraient présentes à l’état sauvage. Toutes aussi grosses et juteuses…
- Mais elles sont à cinq mètres du sol !
- Je dirai plutôt dix, si tu veux manger à ta faim, mais je ne vois pas où est le problème…
- Nous ne sommes pas des oiseaux, fit-elle, dubitative.
Le jeune homme éclata d’un rire frais :
- Ton prochain entraînement sera de cueillir ces baies pour le souper ! Répondit-il, un sourire mi figue mi raisin peint sur le visage.
Il lui prit la main et l’entraîna vers un arbre audacieux qui étendait ses ramures a à peine un mètre du sol. Peu rassurée, Aziliz saisit une branche puis une deuxième et se hissa tant bien que mal dans le frêne-étoile. Peu à l’aise, ses mains devinrent rapidement moites et ses jambes se mirent à trembler. Arrivée à deux mètres du sol, elle dérapa sur une branche plus souple que les autres. Voyant ses derniers instants arrivés, elle ferma les yeux et raidit ses muscles en prévision du choc qui ne tarderai pas. A la place du choc, ce fut une main qui la plaque contre le tronc avec force lui permettant de reprendre pied.
Elle l’observa avec étonnement, elle n’avait même pas remarqué sa présence et il avait su la retenir alors qu’il était perché sur des branches bien plus fines que celles qu’elle empruntait.
Il plongea ses yeux bleus dans ceux noisette d’Aziliz et, forte d’une nouvelle certitude, elle recommença l’escalade. Elle l’avait lu dans ses gestes et son regard le lui avait confirmé : tant qu’il serait près d’elle, elle ne tomberait pas. Elle crocheta ses prises avec plus d’assurance et s’éleva rapidement au niveau des premières baies qui, comme le lui avait fait remarquer Evan, étaient plus chétives que leurs voisines du dessus. Elle continua de grimper, chaque mètre la voyant plus assurée et plus souple, bien qu’avec la hauteur les branches se soient faîtes plus menues. Elle retrouvait les sensations qu’elle éprouvait lors de ses entraînement avec le jeune homme : ses muscles jouaient parfaitement sous sa peau, son souffle, s’il était parfois saccadé, retrouvait sa profondeur initiale et tout au fond d’elle la confiance grandissant. Confiance en elle. Confiance en lui.
Elle se jucha à la fourche d’une branche et cueilli un fruit oscillant du rouge au violet, gros comme le poing qu’elle porta à sa bouche. Mordant dans sa chair juteuse, elle goutta l’agréable sensation de manger. Les fruits étaient délicieux et nourrissants, aussi firent ils provisions avant de redescendre.
Lorsqu’ils atteignirent le sol, le soleil se teintait de rouge, préparant ainsi sa disparition derrière les collines. Ils ramassèrent du bois et allumèrent un feu pour la nuit. Aziliz frissonna, malgré les températures de la journée, la fraîcheur réapparaissait une fois le soleil couché. Elle s’enroula dans une couverture et s’approcha du feu.
Au travers des flammes, Evan la regardait. Ses cheveux prenaient sous cet éclairage d’étonnants reflets rouges ondulant au gré des vacillements du feu. Un sourire étira ses lèvres, elle était jolie, si jolie, et noble, elle aurait fait pâlir de jalousie la plus grande des courtisanes de sa majesté. Pourtant elle avait choisit comme lui une vie sauvage et aventureuse…
Il l’observa avec plus d’attention, tentant de comprendre ce qui avait pu la pousser sur les routes. C’est ainsi qu’il remarqua la flamme dans ses yeux. Une flamme qui dansait certainement dans les siens. Une flamme que l’on appelait Liberté. Alors il comprit. Elle n’était pas une de ces poupées de porcelaine engoncée dans une robe à froufrous. Ce qui lui donnait sa beauté, c’est la dorure qu’avait déposé le soleil sur son visage, le vent qui entremêlait ses cheveux en boucles folles, sa récente escalade qui avait griffé sa peau, et surtout cette flamme qu’avaient allumé la solitude et le voyage dans ses yeux. Elle était belle. Sauvagement belle.

- Où as-tu dis que nous allions ?
- Je ne l’ai pas dit.
- Où allons-nous alors ?
Evan sourit, ils étaient remontés en selle à l’aurore et chevauchaient depuis bientôt une heure au milieu des collines, alternant de longs moments de pas et de brèves courses qui permettait à Aziliz d’achever son apprentissage rudimentaire de l’équitation. Tout au moment présent, elle n’avait pas encore pensé à la destination du voyage. Constatant cependant que les collines s’étiraient encore sur bien des kilomètres et qu’ils n’en sortiraient pas avant plusieurs jours, elle se montra curieuse.
- Nous rejoignons la cité d’Esselias.
- La cité des sables ? Dans le désert ? En plein été ?
- C’est exact. Mais nous passerons par l’Océan avant de descendre au sud vers le désert. Nous devrions arriver là bas au début de l’automne.
- Mais il y fait des températures étouffantes, même en plein hiver ! S’insurgea la jeune fille. Comment des hommes ont-ils put s’installer là bas ?
- Tu comprendras bien assez tôt.
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MessageSujet: Re: (Sans titre)   (Sans titre) EmptyDim 12 Sep 2010 - 11:15

Zénith

La forêt semblait endormie, pas un oiseau ne chantait et les animaux s’étaient tous terrés chez eux. La chape de neige qui encombrait les pins semblait avoir créé un cocon de silence, brisé ça et là par le soufflement du vent ou la joyeuse dégringolade d’un amas neigeux. Aziliz entra à pas feutrés dans le sous bois, il n’y avait là ni piste, ni sentier. Juste son chemin. Le chemin qu’elle avait emprunté à seize ans et qui aujourd’hui guidait chacun de ses pas. Elle caressa l’écorce d’un arbre proche, savourant ce contact rugueux de la nature et continua d’avancer.
La forêt de Brancheflame, réputée en automne pour l’embrasement de ses feuilles n’avait rien de particulier en hiver, si ce n’est le froid qu’expliquait sa situation géographique. Néanmoins pour Aziliz, cette traversée, dans cette forêt, avait un goût particulier, le goût de la redécouverte. Certes elle l’avait déjà traversé, exploré, mais jamais seule… Elle goûtait donc d’autant plus le silence de la forêt, sa solitude et la douce sensation de beauté éphémère. Un vent coquin s’insinua sous ses cheveux pour offrir une courte mélopée à son oreille. Dans les branches voisines, de petits cristaux de glace teintaient doucement.
En début de soirée, elle dénicha une source claire qui chantait encore sous son armure de glace. La jeune femme se désaltéra et se lava sommairement le visage. Elle ouvrit son paquetage et en sortit de la viande séchée qu’elle englouti rapidement. Ayant dormi tard le matin, elle décida, comme la veille, de marcher encore un moment de nuit. Elle se remit donc en route, serrant sa cape autour d’elle tant les nuits se faisaient glaciales. Silencieuse comme un rêve, elle observa la lente transformation des lieux qui, d’écrin de lumière scintillante, se faisaient le reflet mystérieux des étoiles et des légendes.
Sur sa droite, un tronc noueux se transforma soudain en un effrayant monstre prêt à bondir, et à côté de lui, un arbrisseau semblait trembler de peur. Les tas de neiges devenaient le repère de terrifiantes créatures et les branches des bras monstrueux qui voulurent la saisir. Fine et légère, elle se glissa entre eux sans qu’ils ne bougent, se riant du danger et de l’imagination qui pouvait, d’un instant à l’autre, faire basculer une simple nuit d’hiver en une étrange contrée peuplée d’être sanguinaires.
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MessageSujet: Re: (Sans titre)   (Sans titre) EmptyDim 12 Sep 2010 - 11:16

Zénith

Il était plus de midi lorsqu’Aziliz s’éveilla d’un court sommeil. Pourtant le soleil n’était toujours pas d’humeur à se lever et s’abritait derrière une quantité impressionnante de nuages qui déversaient sur la forêt un flot continu de neige. Sans tenir compte des conditions climatiques, la jeune femme saisit une branche basse et commença à s’élever. Parvenue au centre de la forêt, elle avait observé avec émerveillement les arbres majestueux qui régnaient sur les lieux. Cinq hommes se tenant les mains ne pouvaient faire le tour du plus fin d’entre eux et tous rivalisaient en hauteur autant qu’en largeur avec les plus gros arbres du monde. Ayant dormi aux pieds de l’un de ces géants, elle ne résista pas, en se réveillant, à tenter l’escalade.
Faisant fit de la météo, elle était parvenue à plus de vingt cinq mètres du sol, et le tronc, bien qu’encore large, commençait à vaciller doucement. Elle se laissa bercer un moment puis continua de grimper, dépassant lentement les frondaisons de Brancheflame. Lorsqu’elle parvint au sommet, elle eut l’impression de pouvoir courtiser les étoiles. Assise à une fourche, Aziliz resta longtemps à écouter la poésie des flocons de neige, appréciant les oscillements violents de l’arbre. Puis, avec une pointe de regret, elle se résolu à descendre.
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MessageSujet: Re: (Sans titre)   (Sans titre) EmptyDim 12 Sep 2010 - 11:17

Aurore

Le soleil était haut dans le ciel et les deux jeunes gens devisaient en gardant leurs montures au pas lorsqu’Evan les fit s’arrêter, portant la main à l’épée qu’il portait à la ceinture. Un bruit dans les bosquets proches avait attiré son attention. Furtif, il s’approcha, lame à nu, de l’endroit suspect avant qu’une famille apeurée de lapins prenne la fuite. Le jeune homme sourit et s’apprêta à ranger l’épée. Seuls ses prodigieux réflexes lui sauvèrent la vie.
Se laissant tomber d’un arbre en surplomb le Kanjou atterri sur ses pieds, derrière sa proie et lui enserra la gorge de ses affreuses mains griffues. Evan se retourna et voulut le faucher de sa lame. La créature repoussa l’assaut d’un coup de pied, qu’il mit à profit pour se dégager de l’étranglement. Les deux adversaires se firent face. Le jeune homme avait pris une posture basse, plaçant tout son poids sur sa jambe arrière pliée, et laissant libre sa jambe droite, posée devant lui. Le Kanjou, lui, ne trouvait pas nécessaire de se mettre en garde. Il était un prédateur et la seule attitude qu’il connaissait des humains était la fuite.
La créature avait un corps malingre d’un gris brun qui se confondait facilement avec le paysage des marécages, nombreux dans les collines. Son corps ne mesurait guère plus d’un mètre trente mais ses membres finissaient immanquablement en griffes. Le front écrasé, des yeux pareils à des fentes et une quasi absence de nez, sa tête était sans aucun doute conçue pour les marécages et leur faune étrange. Seule sa bouche montrait son statut de prédateur car il y avait là assez de dents pour rendre jaloux un lynx…
Un sourire déforma son monstrueux visage et il passa à l’attaque. Bondissant avec une agilité surhumaine, il vrilla son corps pour attaquer le dos de son adversaire, mais Evan était prêt. Se retournant avec vivacité, il donna deux coups de taille que le Kanjou évita sans peine et il fut cueilli sous l’estomac par un violent coup de pied du jeune homme. Poussant un couinement de douleur et de rage confondue, il redoubla -si c’était possible- en vivacité. Tournoyant autour de son adversaire comme un feu follet, il cantonnait Evan sur la défensive. Le jeune homme se trouvait en mauvaise posture, ne réussissant pas à porter de coups, devant se contenter de parades et d’esquives, il commençait à fatiguer.
Aziliz n’avait pas bougé tant la rapidité de la scène l’avait surprise. Voyant soudain son compagnon mal en point, elle descendit de cheval et dégaina une courte lame, parfaite pour les combats rapprochés. Sur un signe d’Evan, elle lui lança la dague qu’il attrapa. Dans le même mouvement, elle referma ses doigts sur l’épée du jeune homme. Suivant ses enseignements, elle se mit en garde et frappa le Kanjou par trois fois : jambes, abdomen, tête. Aucun de ses coups maladroits n’atteignit la créature trop vive. Cela laissa en revanche le temps au jeune homme de reprendre contenance et d’attaquer, entre les deux omoplates. Avec un étrange rictus, le petit corps malingre d’effondra et ne bougea plus.
La jeune fille contempla le Kanjou inanimé, une expression d’étrange indifférence peinte sur le visage. Evan débarrassa l’arme du sang de la créature et la tendit à Aziliz. Elle ne réagit pas. Les yeux dans le vague, elle se laissait prendre dans sa tempête intérieure.
Etait ce juste ? Que cette chose meure pour qu’ils vivent ? Il l’avait tué de sang froid, elle l’avait aidé, pesant le moindre de ses gestes, cherchant sciemment de voler une vie. Valait-elle mieux que ce qui gisait là, à ses pieds, qui tuait surement pour se nourrir ? Ne méritait elle pas la mort ? Et si tuer une bête était si facile, n’allait elle pas tuer, un jour, un homme ? Avec peut être une femme et des enfants… Etait ce juste de donner la mort pour sauver sa vie ? Qu’Est-ce qui avait le plus de prix ? Ses doigts lâchèrent l’épée avec dégoût. Elle ne remarqua pas l’apaisante main qu’avait posée Evan sur son épaule. C’était son combat à elle, à elle seule. Un combat contre elle-même. Un combat dont l’issue importait trop.
Peut on tuer sans état d’âme, comme venait de le faire son compagnon ? Et si l’on peut tuer pour sa vie, peut on tuer pour une idée ? Par vengeance ? Est-ce noble de tuer ? Quelle noblesse y avait-il dans un pareil acte ? Pourtant les armes sont plus communes chez les nobles… Et on les récompense pour les vies qu’ils ont prises… Qu’Est-ce que la mort peut apporter ?
Un véritable raz de marée s’abattit sur elle si bien que ce qu’elle ne put contenir roula sur ses joues. Pourtant, loin au fond d’elle, une petite flamme brûlait toujours, vacillant parfois, se redressant toujours. Une petite flamme qui se mit à murmurer :
Liberté. Liberté. Liberté.
Liberté n’est pas un mot anodin. La liberté implique des choix. Des choix difficiles : celui d’agir ou de ne rien faire, de parler ou de se taire. Chaque instant de liberté est un choix. Un choix engageant tout notre être. Honneur, sentiments, émotions, capacité, envie, besoin… Tout.
Tu as fait un choix, un jour, devant un miroir. Le choix d’être Libre. Et intérieurement, tu as fait un autre choix : Survivre. Survivre libre est une tâche difficile, dangereuse. Maintes fois tu devras donner la mort pour sauver ta liberté, et plus encore pour sauver ta vie. Choisis maintenant.
Survivre libre et accepter de donner la mort. Donner ta liberté ou ta vie pour ne pas faire couler de sang.

Lentement, Aziliz se baisse, accroupie dans la glaise, les yeux dans l’infini du ciel. Elle a fait son choix. Ses doigts se ferment avec assurance sur le pommeau de l’épée. Dans l’arbre proche, elle grave ces mots :

Vie et Mort mêlés en deux chemins
L’impasse où je tombe
La voie d’où je m’envole.
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MessageSujet: Re: (Sans titre)   (Sans titre) EmptyMer 15 Sep 2010 - 8:13

Zénith

La forêt se poursuivait devant elle, longue et imperturbable, fière des batailles passées contre la prairie. Aziliz marchait, inlassablement. Sa virée au sommet l’avait ressourcée, elle se sentait désormais capable de marcher jusqu’au bout du monde. Cette pensée la fit sourire. Oui, peut être qu’un jour elle escaladerait les Marches des Dieux. Jusqu’en haut, et qu’enfin elle saurait si toutes ces légendes étaient vraies. Car on disait que le monde qui s’étendait au-delà des frontières Nord du royaume, par delà les montagnes, était le plus beau des endroits, mais aussi le plus hostile. Ce qui au final expliquerait, avec les avalanches, que personne n’était jamais revenu vivant de son escalade. Son sourire s’élargit. Oui, un jour, elle tenterait l’expérience.
La neige avait cessé de tomber, le paysage semblait soudain tendre vers le printemps, pourtant les températures restaient glaciales et la jeune femme frissonna. Si ces calculs étaient justes, elle atteindrait Estenar le lendemain matin, si elle ne s’arrêtait pas pour la nuit, et si elle ne finissait pas en glaçon ! Elle se força à presser le pas, guettant une transformation dans la forêt : des arbres plus petits, plus clairsemés, une diminution de l’odeur entêtante de la résine, … Pourtant rien ne venait à elle. Brancheflame restait un mystérieux taillis inextricable qui n’avait de cesse de tendre des pièges à ses chevilles. Elle commençait à penser qu’elle avait tourné en rond quand soudain la forêt s’arrêta net. Elle faisait place à ce qui semblait être une immense clairière. Une rivière traversait ce petit coin vallonné dépourvu d’arbres. A moitié prise par les glaces, elle continuait malgré tout de chanter une berceuse cristalline. De l’autre côté, la forêt se poursuivait, verte et drue, affichant avec orgueil ses magnifiques sapins centenaires, transformés en arbrisseau chétifs par la magnificence des Marches des Dieux dans leur dos, si hautes qu’elles côtoyaient les étoiles. Et au milieu de la clairière, une magnifique cité d’un blanc si étincelant qu’il rivalisait avec la neige alentour. Ses tours vertigineuses montaient vers le ciel comme autant de stalagmites ouvragées. Le cœur d’Aziliz fit un bon dans sa poitrine. La vision était merveilleuse.
Ses yeux s’attardèrent un instant sur l’écharpe de brume qui couvrait les pieds de la cité de quelque chose de surnaturel. La lune ronde souriait en éclairant paisiblement cette débauche de blanc qui diffractait ses rayons en tous sens. La jeune fille sortit de l’abri des bois et s’offrit à la lumière nocturne. Pointe de noir sur marée blanche. Avec la douceur d’un rêve oublié, elle se glissa dans la neige. Elle s’y enfonça jusqu’aux genoux et resta un long instant perdue dans la morsure glaciale de cet étrange duvet. Son pantalon se faisait humide et gelé jusqu’aux cuisses quand elle décida de poursuivre sa route. Elle savait qu’il était vain de lutter contre cette entité de neige et, plus qu’y marcher, elle y nageait. Elle avança ainsi pendant deux bonnes heures puis s’arrêta de nouveau. Elle avait oublié le froid et l’humidité. La nature lui offrait un nouveau spectacle. Le soleil timide jeta un œil par-dessus la forêt, jetant dans le ciel de longs et fins nuages rose et or. Un rayon passa et la cité, de reine des neiges, devint un énorme brasier et l’instant d’après, l’astre du jour donna le droit à la neige de briller pour un temps comme le diamant.
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MessageSujet: Re: (Sans titre)   (Sans titre) EmptyMer 15 Sep 2010 - 8:13

Aurore

La jeune fille était trempée, essoufflée et à bout de forces. Elle mit les mains dans la vase, vacilla quelques secondes et se remit debout. Son adversaire riait. Les bras croisés, il attendit patiemment qu’elle se remette en garde. Puis passait avec désinvolture à l’attaque. Son poing fusa vers son visage. Elle para, une seconde trop tard. Le poing disparu et laissa place au coude. Elle se baissa et fut cueillie au creux du ventre par un coup de genou pernicieux. Elle recula d’un pas et se remit en position comme Evan le lui avait appris. Une main pour protéger la tête, l’autre pour le ventre. Le poing partit cette fois en direction de ses côtes. Elle para le coup, profita que l’autre avait la garde baissée pour frapper à l’épale. Il glissa souplement le long de sa main et la frappa à l’épaule d’un violent coup de pied qui l’envoya de nouveau rouler dans l’eau trouble du marécage.
Son corps s’arqua, utilisant la moindre parcelle de ses forces pour se relever avant de retomber, inerte.
Le jeune homme s’approcha d’Aziliz et la porta jusque sur une petite colline avoisinante où le soleil dardait ses derniers rayons. Il lui donna une couverture et la frictionna jusqu’à ce qu’elle cesse de trembler. Alors seulement il remarqua les deux sillons qu’avaient tracés ses larmes dans la boue qui recouvrait ses joues. Il passa avec douceur son bras autour de ses épaules, mais elle se dégagea souplement. Il se contenta de la regarder, pensif, et ses yeux si perçants suffirent à lui faire avouer sa tristesse.
- Je n’y arriverais jamais.
- Arriver à quoi ?
- A me battre.
Il éclata d’un rire frais qui tira une grimace à Aziliz.
- Tu te bats déjà mieux que la plupart des gens ayant aussi peu d’entraînement que toi. Sois patiente. Sais-tu combien de journées d’entraînement j’ai derrière moi ?
Elle secoua la tête avec une moue enfantine qui fit sourire Evan.
- Environ dix ans.
Elle ouvrit de grands yeux étonnés avant de s’exclamer :
- Tu es si vieux que ça ?!
- Qui est vieux ? Fit-il l’air indigné.
Ils éclatèrent de rire, ce qui acheva de sécher les larmes de la jeune fille, qui reprit, plus sérieuse.
- Tu as raison, je ne doit pas être si impatiente… Et puis pour l’instant, j’ai un très bon garde du corps pour me protéger.
Ils se sourirent.
- On reprend ? Demanda-t-elle en désignant les marécages de la tête.
- Non.
- Pourquoi ?
Son sourire s’élargit en constatant la mine consternée de son élève.
- Parce que la nuit est tombée et que cela devient le terrain de chasse favoris de nombreux prédateurs… Comme les Kanjous.
Elle fit une moue dégoûtée et finalement se leva pour aller panser Crépuscule qui avait eu une journée chargée, comme toutes celles qu’ils passaient depuis leur départ de Solistia. Ils marchaient dès l’aube et ne s’arrêtaient que plusieurs heures après que le soleil est incliné sa course vers l’ouest. Les chevaux tenaient le rythme mais Aziliz, qui avait tissé un impressionnant lien avec sa monture, s’astreignait chaque soir, après son propre entraînement, à un long moment de pansage pour l’animal. Evan l’entendit parler doucement à sa monture.
- Et bien, je vois que tu as testé les roulades dans la boue pendant mon absence, gros nigaud ! C’est du propre.
Elle éclata d’un rire léger et cala sa tête dans l’encolure du cheval. Il poussa un long soupir et passa son museau sous le bras de sa cavalière. Elle s’était remise à pleurer, de fatigue cette fois. La vie était rude depuis son départ, et les nuits courtes. Mais ses journées l’emplissaient d’un puissant sentiment de bonheur qui, mêlé à ses récentes émotions, la laissait parfois dans de cours moment de détresse. Crépuscule renâcla avec douceur et Aziliz releva la tête en séchant ses larmes. Elle le regarda dans les yeux et il lui offrit son amour. Ces deux là n’avaient pas besoin de mots pour se comprendre. Elle commença à l’étriller avec vigueur et tendresse et le cheval la gratifia d’un hennissement joyeux.
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MessageSujet: Re: (Sans titre)   (Sans titre) EmptyMer 15 Sep 2010 - 8:14

Aurore

Il faisait encore nuit lorsqu’Aziliz s’éveilla, Evan lui secouant vigoureusement l’épaule.
- Debout.
- Mais…
Il posa un doigt sur ses lèvres et lui tendit le bras pour l’aider à se lever. Avec une peine immense, ronchonnant que constatant que le soleil était bien loin de se lever, elle se redressa. Son compagnon se glissa en dehors de l’ombre des bosquets et attendit le nez en l’air sa compagne. Elle resta bouche bée près de lui.
Les brumes s’élevaient des marécages jusqu’au ciel, renvoyant la lumière de la lune et des étoiles, donnant l’impression que des milliers de ciels d’été les surplombaient. Elle souriait béatement, les yeux humides face à tant de merveilles.
Un vent calme passe doucement sur son visage et dans ses cheveux, avec prudence, comme s’il craignait de détruire cette beauté fragile. C’était fascinant, et Aziliz ne parvenait pas à s’arracher à sa contemplation. Son trouble était si puissant qu’elle ne pouvait l’exprimer avec des mots. Doux écho à ses pensées, une larme roula sur sa joue. Elle ferma les yeux, ancrant cette nuit à tout jamais dans sa mémoire. Sereine, elle détourna les yeux et regarda Evan venir vers elle.
- Cela n’arrive que deux fois par an…
- Une telle chose doit rester rare pour être précieuse.
Ils se sourirent et retournèrent au camp. Devant leur impossibilité de se rendormir, ils sellèrent les chevaux dans un silence quasi-total. La jeune fille caressa pensivement l’encolure du cheval baie et ce jucha avec souplesse sur son dos. Crépuscule huma l’air, comme sentant que cette nuit était spéciale et se mit au pas derrière Ecume. Elle déchaussa les étriers et détacha ses cheveux. Fermant les yeux, Aziliz se laissa aller à ce calme sentiment de liberté qui l’étreignait lorsque, sur sa monture, le vent jouait avec ses mèches folles.
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MessageSujet: Re: (Sans titre)   (Sans titre) EmptyMer 15 Sep 2010 - 8:15

Zénith

Les portes de la cité étaient grandioses, toutes de cristal ouvragé, autant par les hommes que par le temps. Opaque, il laissait juste deviner la calme agitation des rues. Aziliz observa un instant la fresque sculptée sur les deux battants. On y reconnaissait le relief des Marches des Dieux et de la forêt alentour. Une ange aux longs cheveux comme une cascade gelée offrait à un homme un bébé emmailloté d’argent. Avec une infinie douceur, l’homme serrait l’enfant contre son cœur. De l’autre coté, on voyait un monde imaginaire hostile qui se juxtaposait avec son pendant réel. Un autre ange, à l’allure de démon, donnait à un monstre une couverture où l’œil devinait sans peine un enfant.
La jeune fille passa de longues minutes à observer la scène, trouvant en son âme une résonance particulière diffractée par la lumière cristalline.
Finalement, elle entra. Une lumière éblouissante semblait jaillir de la cité tant le soleil faisait luire la moindre construction. Même les pavés semblaient de cristal. Aziliz songea avec sourire que la cité de la neige et du rêve portait bien son nom. Comme pour lui souffler qu’elle avait raison, le vent lui envoya une nuée de flocons. Sans hésitation, la jeune fille entra dans le premier bâtiment sur sa droite, qui s’avérait être les écuries.
- Crépuscule !
Le cheval hennit de bonheur en reconnaissant sa maîtresse. Celle-ci lui caressa l’encolure avec douceur.
- Désolée, mon gros, d’avoir été si longue à venir te chercher, mais je te promets que dans trois jours nous partirons sur les routes ensemble.
Piaffant d’impatience, le cheval gratta le sol de l’antérieur dans un « je veux y aller maintenant » très clair. Aziliz éclata de rire et l’étreignit avec force.
- Encore un peu de patience…
Elle déposa un baiser claquant sur le nez de Crépuscule et se détourna.
- Aziliz !
L’intéressée se retourna avec une étonnante vitesse vers son nouvel interlocuteur. C’était une jeune fille blonde comme les blés avec deux grands yeux bleus pleins de diamants. Elle semblait presque une enfant bien qu’on distingua désormais de légers renflements sous sa tunique ample.
- June ! Tu as bien grandit depuis la dernière fois !
- Ça fait plus d’un an que tu es partie…
- Je sais, et malheureusement je repars bientôt.
- Oh non ! Pourquoi ? Fit la jeune fille, les yeux soudain emplis de larmes. Reste avec nous ! Sinon, je viens avec toi !
- Non, June, je ne peux pas. Je t’expliquerai plus tard.
- Tu ne m’expliqueras pas, je sais. Tu dis toujours ça et tu pars comme une voleuse en pleine nuit.
La jeune femme posa la main sur son épaule et attira son amie contre elle.
- Cette fois, promis, je t’expliquerai.
- Promis ? Fit-elle en levant ses deux grands yeux larmoyants.
- Promis.
- Merci.
Aziliz sourit. Elle aimait beaucoup June, sa fraîcheur et son intensité de vivre. Sa façon si innocente et révoltée d’appréhender le monde, sans se soucier de ces dangers. Elle avait passé près d’une année avec June et sa famille. Une année où elle avait découvert son identité, où elle s’était affirmée en tant que femme et non plus en tant qu’enfant. Elle avait grandi. Grandi en s’entraînant le jour, discutant le soir et disparaissant la nuit. Et puis elle était partie. Seule. Laissant juste un petit mot à l’attention de June.
« Désolée. Prends soin de toi et de Crépuscule. Je t’aime. »
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MessageSujet: Re: (Sans titre)   (Sans titre) EmptyMer 15 Sep 2010 - 8:15

Aurore

Ils sortirent des collines au début de l’été. Le paysage se faisait plat et verdoyant, si ressemblant à la prairie qu’Aziliz pensa qu’ils avaient tourné en rond. Un seul détail lui soufflait qu’elle avait tord. A l’horizon, une légère ligne bleutée. Elle lança sa monture au galop et Evan la suivit en riant. Cela ne l’impressionnait plus, il l’avait vu tant de fois. Il y avait même nagé. Mais il comprenait combien l’on pouvait être impatient de le découvrir. Crépuscule commençait à souffler comme une forge et Ecume transpirait à grosse gouttes tant le rythme que leur imposait la jeune fille était rapide. Puis soudain, elle s’arrêta.
Il était là, majestueux, écrasant tout de sa masse, berçant le paysage de la musique de son ressac. Il semblait calme mais on le devinait parfois impétueux et les vagues caressantes qu’il envoyait sur le sable devenaient alors les monstrueuses armes de sa colère.
Aziliz ne pouvait détourner les yeux de l’Océan.
Il était encore loin et pourtant ses embruns parvenaient déjà jusqu’à eux. La jeune fille humecta ses lèvres, découvrant l’impressionnant goût salé de l’eau. Elle sourit. Elle avait beau avoir lu plein de choses sur l’Océan étant plus jeune, rien ne pouvait égaler ce qu’elle avait sous les yeux. Si tous les livres parlaient de son goût salé, aucun ne faisait allusion à l’odeur piquante et amère qui s’en dégageait et l’on y voyait l’eau ondoyer, aucune peinture ne donnait l’impression d’une telle symphonie. La jeune fille ferma les yeux, se concentrant sur chaque son. L’éclatement d’un rouleau sur la plage. L’eau qui s’en retourne à la mer en faisant jouer la multitude de coquillages qu’elle caressait. La respiration paisible d’Evan derrière elle. L’air tiède sortant des naseaux des montures. L’oxygène qui emplissait ses poumons. Les battements de son cœur. Elle rouvrit les yeux, apaisée.
-Où va-t-on maintenant ? Fit-elle en souriant à Evan.
- Là bas.
Il désignait du doigt un petit village sans prétention qui semblait dominer l’Océan du haut de son îlot. Aziliz fit la grimace.
- Et comment va-t-on y aller ? Il est complètement entouré d’eau.
- Dans une heure nous pourrons traverser à gué, ne t’en fais pas.
D’un claquement de langue, il mit Ecume au pas, suivit par Crépuscule qui avançait docilement sous les ordres distraits de sa cavalière. La prairie descendait doucement vers l’océan et l’herbe drue et grasse faisait lentement place à une végétation plus sèche et plus éparse, parfois entrecoupée de curieux bruns d’herbes épais, gras et qui dégageaient une étrange odeur.
- Qu’Est-ce ?
- De la salicorne. A mi chemin entre l’herbe et l’algue, elle donne un goût particulier à la viande. Regarde.
Il lui montrait une grande étendue verte près de l’eau où paissait paisiblement une troupe de moutons. Aziliz se demanda intérieurement quel goût cela pouvait il avoir mais elle abandonna rapidement. Ils approchaient. Sans aucune hésitation, Evan fit avancer sa jument dans le sable, Crépuscule, plus réticent à sa suite. Ils s’enfonçaient de quelques centimètres, renâclant devant ce changement de matière, contraints d’adopter une démarche chaloupée qui mobilisait tous les muscles. Puis ils entrèrent dans la distance des vagues. Le sable mouillé, plus compact, redonna confiance aux chevaux. La jeune fille, le regard perdu dans le paysage ne se retint que de justesse lorsque Crépuscule, surpris par un rouleau et le tonnerre qui l’accompagnait, se cabra.
- Sois attentive, lui souffla Evan.
Elle s’empourpra mais ne dit rien, s’appliquant désormais à guider sa monture. Ils étaient à mi chemin entre l’îlot et la plage et Aziliz se prit à espérer que le terrain remonte assez vite, ce qui fut le cas. Lorsqu’ils furent enfin sortis de l’eau, elle poussa un soupir de soulagement qui fit sourire son compagnon.
- Tu n’aimes pas l’eau ?
Le rouge gagna de nouveau ses joues.
- Je… Je n’ai jamais nagé que dans des lacs… et j… j’avoue que cette immensité d’eau m’impressionne, s’excusa-t-elle.
Il acquiesça de bonne grâce, comprenant que pour quelque un n’ayant jamais connu l’Océan, cela puisse paraître effrayant. Intérieurement, il se promit de lui faire découvrir les merveilles de l’Océan.
Le village qu’ils atteignaient était essentiellement constitué de pêcheurs. Les maisons étaient basses, en bois ou en torchis. Les rues étaient de simples chemins de terre et, si d’un premier abord l’on aurait pu y voir de la pauvreté, l’œil attentif comprenait vite que le village respirait la simplicité. Pas de mendiant dans les rues, mais pas d’escouades de gardes ni de calèches de nobles. La simplicité. Ils avaient laissé leurs montures au garçon d’écurie, se déplacer à cheval dans les ruelles étroites étant peu aisé. A présent, ils vagabondaient dans les rues, Evan laissa le temps à Aziliz de se familiariser avec cet environnement peu commun. L’ambiance était détendue et il n’était pas rare que les passants les saluent ou saluent d’autres voyageurs. La jeune fille était enchantée par tous ces sourires qu’elle lisait sur les visages. Comme si le village était hors du temps.
- Que faisons-nous ici ? Demanda-t-elle.
- Nous voyageons, n’Est-ce pas suffisant comme raison ? Fit-il avec un sourire.
- Oui, mais…
- Mais ?
- Mais tu as dit que notre destination était le désert, pourquoi cette déviation ?
- Parce que tu l’as dit toi-même, traverser le désert en plein été est suicidaire pour qui n’y est pas habitué, ensuite parce qu’avant de te frotter aux créatures du désert, tu dois encore t’entraîner beaucoup.
- D’accord, acquiesça-t-elle. Je suis loin de maîtriser l’art du combat et aller maintenant plus au Sud serait de la folie. Mais pourquoi nous arrêtons nous ici ?
- Parce que ton entraînement ne se limite pas à l’art du combat.
Il se détourna et elle savait qu’elle ne pourrait plus rien tirer de lui.
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